Modo n.°60

Discothèque municipale
Diakene Ouloff, Casamance
Sénégal, décembre 2024

Fin 2024, j’ai été invité par le Casamance Centre Culturel et Ekol Sénégal pour concevoir un programme de peinture murale dans le village de Diakene Ouloff. L’objectif de l’atelier était de travailler sur l’intégration des peintures murales dans leur environnement—à la fois architectural et social.

Dix participants, principalement venus d’Espagne, se sont inscrits à ce programme d’une semaine. Nous avons passé les quatre premiers jours de l’atelier à explorer la région pour trouver de l’inspiration et concevoir une peinture murale qui résonne avec son environnement. Après plusieurs jours d’observation et de prise de notes, nous avons décidé de nous concentrer sur les objets du quotidien. Leurs formes sont simples et fonctionnelles, et on les retrouve chez tout le monde, ce qui correspondait parfaitement à notre concept. Nous avons ensuite travaillé sur une palette de couleurs en harmonie avec l’environnement du mur. Pour terminer, nous avons créé un processus génératif simple qui déterminait aléatoirement quelle forme et quelle couleur devaient être peintes dans chaque case du mur. Une fois la peinture commencée, un grand nombre d’habitants du village, qui passaient spontanément par là, s’arrêtaient pour peindre des formes avec nous.

Un grand merci à Mariana, Xabi, Lamine, Bamoussa, Endaye, Boy, Bea, Amadou, Elena et sa famille, Pana, Salva et Lucas.

Aux incroyables participants (par ordre alphabétique) : Ana, Cris, Cris, Lea, Marcel, Marina, Mario, Sierra, Tess et Vera.

Et, bien sûr, à tous les habitants du village de Diakène pour leur gentillesse, leur chaleur humaine et leur gratitude envers notre travail.

https://casamance.cc (@c.casamance)
https://www.ekolsenegal.org (@ekolsenegal)

Portraits de promenades

Projet en cours
Belvès (Périgord Noir), France, Décembre 2023
Pécut (Creuse), France, janvier 2024
Chirols (Ardèche), France, juillet 2024

Travail exposé pour la première fois à la foire d’art contemporain SWAG à Barcelone avec la galerie Set Espai d’Art en octobre 2024.

Portraits de promenades (système sensoriel et subjectif de transcription de parcours)

Portraits de promenades est une expérience qui poursuit ma série autour de l’idée de faire de l’art en marchant. Dans la majorité de mes projets, je marche beaucoup. Je pratique la marche pour la marche elle-même, pas seulement pour aller d’un point A à un point B. Je me suis rendu compte que marcher pour le simple plaisir de marcher ouvre la porte à la contemplation. Dans Portraits de promenades, j’essaie de mettre l’accent sur cette contemplation et d’être conscient de ce qui m’entoure pour ensuite transcrire mes sensations dans une œuvre.

Pour faire un portrait de promenade, je note ce que j’observe ou ressens pendant une promenade et, une fois de retour à l’atelier, je compile ces données pour les peindre dans un tableau.

L’expérience est basée sur un exercice que je pratique depuis un certain temps, qui consiste, à tout moment de la journée, à m’arrêter, observer mon environnement et percevoir où je suis et ce qui m’entoure. Cela ressemble beaucoup à une technique de pleine conscience, bien que ce soit quelque chose que j’ai toujours fait intuitivement, sans savoir comment le nommer.
Le résultat est une représentation visuelle de ce qu’a été l’expérience d’une promenade. Chaque tableau est unique et varie en fonction du lieu, de la saison, du climat et des événements… C’est un peu comme si je faisais une peinture de paysage, mais en mouvement : le portrait d’un parcours à un moment donné.

Le système :

Un portrait de promenade fonctionne ainsi : je choisis une promenade en boucle avec un certain nombre de segments (habituellement entre 9 et 12) et je marche à travers ces segments. Ce que j’appelle un segment est une portion du parcours entre deux points où je dois prendre une décision. Autrement dit, je marche, et au moment où je rencontre une intersection, le segment se termine et le suivant commence. Je note les informations concernant le segment que je viens de parcourir et je me prépare à démarrer le suivant.

Ce que je note, ce sont des données subjectives sur mon appréciation de ce que je vois, entends, sens, les couleurs dominantes, le tracé du chemin (sa largeur, sa couleur et ses accotements), l’état du ciel et la présence d’eau. Je note aussi s’il y a eu des événements positifs ou négatifs au cours de ce segment. Par exemple, le parfum d’un arbre en fleurs serait très positif au niveau olfactif, tandis qu’un chien qui m’aboie dessus serait négatif au niveau de l’ouïe et de la perception. Pour la vue, l’odorat et l’ouïe, j’attribue des notes sur une échelle de un à cinq qui sont ensuite traduites dans une graduation de couleurs sur le tableau.

À chaque arrêt, à la fin de chaque segment, je note toutes ces données sur une fiche. Lorsque je termine la promenade, je compile les fiches et, de retour à l’atelier, j’interprète les données recueillies pour créer le tableau.